Une prise de conscience à suivre
Né sur Instagram en Suède, le mouvement dit flygskam (honte de voler) est observé de près par l'industrie du transport aérien qui craint que le mouvement ne prenne de l'ampleur.
Alexandre de Juniac est inquiet, l'ancien président d'Air France-KLM qui dirige désormais l'association internationale du transport aérien (IATA) observe de près le mouvement "flygskam" né en Suède en 2018. C'est de l'application de partage de photos Instagram qu'est partie cette tendance Flygskam qui veut dire littéralement "la honte de voler" (fly shame en anglais). C'est le compte anonyme Aningslösa influencers qui a commencé à mettre en ligne des stories dans lesquelles on voit des célébrités suédoises en vacances dans de jolis lieux avec en légende la quantité de CO2 qu'elles ont dû consommer pour s'y rendre. Des vidéos qui se sont vite propagées avec le hashtag #flygskam.
Et le mouvement est même sorti de Suède à la faveur des marches pour le climat et de la très médiatisée grève scolaire de la jeune Suédoise Greta Thunberg. Cet engouement est préoccupant pour les compagnies aériennes. "C'est une grande menace. Le secteur du transport aérien est confronté à un risque de réputation. C'est une première, a ainsi déclaré Alexandre de Juniac lors d'une rencontre avec des associations aéronautiques européennes rapporte La Tribune. Il est parti de Suède et il va se propager."
En Suède déjà, l'opérateur Swedavaia AB qui gère dix aéroports fait état d'une baisse du trafic passager et ce pour la première fois depuis 2009. Sur un an, les vols intérieurs ont reculé de 6% et les internationaux de 2%. Au premier trimestre avec la médiatisation du mouvement, le nombre de passagers a reculé de 4,4% sur l'ensemble des 38 aéroports suédois. Difficile d'attribuer cette baisse à la seule honte de prendre l'avion. Mais suffisant tout de même pour alerter l'industrie qui dénonce des contrevérités sur le transport aérien.
Alexandre de Juniac rappelle ainsi que l'avion ce n'est pas réservé qu'aux riches et que le moyen de transport s'est fortement démocratisé depuis deux décennies. L'aérien a transporté 4,3 milliards de passagers en 2018 contre seulement 1,8 milliard en 2003. Autrement dit, taxer davantage le secteur pénaliserait davantage les voyageurs modestes que les riches, selon l'ex-patron d'Air France-KLM.
Et en France ?
Les Français aussi sont sensibles à leur impact environnemental en avion. Ainsi 63% des voyageurs français assurent avoir déjà changé leur comportement de voyage ou envisagent de le faire.
Parmi ceux-ci, 49% choisissent une destination moins lointaine, 44% choisissent un moyen de transport moins polluant, 34% compensent les émissions de leur voyage et 30% sont même prêts à renoncer à voyager.