Film : Burning Days

L'histoire

Emre, jeune procureur turc zélé et inflexible, s’installe dans une petite ville reculée d'Anatolie. Constatant le non respect de la loi, il compte bien s’attaquer aux dignitaires, pour  les remettre dans le rang. Après de vaines tentatives pour l’amadouer, les notables impliqués deviennent plus agressifs. Prévenu du danger encouru par Murat, un journaliste au dessein ambiguë, Emre va devoir faire preuve de ténacité…

Mon regard

Le réalisateur turc Emin Alper gratte le pouvoir turc là où ça fait mal, dans le cadre d’un film intelligemment mis en scène qui se déroule dans les décors majestueux d'Anatolie.

Le cinéaste dépeint une Turquie âpre, peu aimable, où un jeune procureur, Emre (Selahattin Pasali), droit sans ses bottes, idéaliste et un peu naïf, nage malgré lui parmi des violences sexistes, sexuelles, animalières, écologiques et homophobes, entrecoupées de diverses scènes de tentatives de corruption. Les personnages qui l’entourent sont au minimum ambigus, quand ils ne sont pas ouvertement dangereux.

Sur la trame d’un thriller, le cinéaste brode (efficacement) de multiples sujets n'ayant qu’un seul but : montrer à quel point la corruption généralisée aveugle toute une population (jusqu’au très jeune homme dératiseur, qui tente d’empoisonner le procureur).Tout, dans l'histoire, n'est que rumeurs, calomnies, manœuvres visant à gagner du temps. Murat (Ekin Koç), journaliste dans l’opposition, offre son aide au procureur en proie aux agissements du maire et de ses acolytes.

Il est beau, photogénique, tourne autour d’Emre dans une danse tendue, habile, ambiguë mais jamais explicite sur son attirance pour lui, laissant le spectateur se positionner.

Un formidable patchwork : 

le désert "troué" de dolines, le lac, les paysages de western, la petite ville perdue au milieu de rien, les ruelles pleines d’imprévus, les jardins bucoliques, la moiteur des hommes dans celle de l’été.

Tous ces éléments sont autant de témoignages de l'amour qu'Emin Alper porte à  son pays, malgré la médiocrité humaine qu'il veut dénoncer pour l'éradiquer.