à propos de "21 nuits avec Pattie"

Publié le par pierre-salvador

L'analyse du film :

Pour ce nouveau voyage psychanalytico-érotique aux confins du réel, les frères Larrieu font du langage et de la nature un acte libérateur. Beau film cosmique touché par la grâce.

L’argument : Au cœur de l’été, Caroline, parisienne et mère de famille d’une quarantaine d’années, débarque dans un petit village du sud de la France. Elle doit organiser dans l’urgence les funérailles de sa mère, avocate volage, qu’elle ne voyait plus guère. Elle est accueillie par Pattie qui aime raconter à qui veut bien l’écouter ses aventures amoureuses avec les hommes du coin. Alors que toute la vallée se prépare pour les fameux bals du 15 août, le corps de la défunte disparaît mystérieusement.

Le rôle joué par le langage, quoique méthodiquement tourné vers cette jouissance potentiellement reconquise, agit à deux niveaux : d’une part avec Pattie et ses histoires salaces pléthoriques, de l’autre avec Jean et sa faconde morbide, écrivain endeuillé aux faux airs de Jean-Marie Le Clézio. Deux faces d’une même pièce que sont l’Éros et le Thanatos, qui invitent Caroline à jouir des sentiments de manière paroxystique, dans l’amour dévorant, le désir charnel comme dans la peine. Comme s’il était question de substituer au vide laissé par le corps enlevé de sa mère cette effusion de sensualité.

On notera une très belle utilisation du format d’image 1:33, métaphore des frustrations de Caroline, remplacé par le format 1:85 pour signifier la libération, lorsqu’elle cesse d’être en dehors d’elle-même.

La force de cette intrigue psychanalytico-érotique tient à la nature opulente dans laquelle elle prend racine. Omniprésente, cette dernière donne l’impression d’une entité surnaturelle régissant les protagonistes.

Avant de se laisser happée telle Pattie par la fièvre de la nuit et ses débordements sensuels, Caroline explore avec elle les sous-bois foisonnants et enchanteurs. C’est là-bas plus tard qu’elle tombe sur des champignons en forme de pénis, et dont l’odeur lui rappelle inconsciemment ce stupre et cette impudicité qu’elle fuit depuis trop longtemps. La lune, souvent pleine lors de son séjour dans la maison de sa mère, semble jouer un rôle cathartique. Jusqu’à baigner 21 nuits avec Pattie dans une transe cosmique saisissante.

Si la beauté plastique du film n’est pas aussi tonitruante que celle du précédent long métrage d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu,"l'amour est un crime parfait", son caractère hybride à mi-chemin entre le conte fantastique et la comédie dramatique classique en fait un nouveau jalon de référence dans la carrière des deux frères cinéastes.

Un exercice dans lequel brille une nouvelle fois Karin Viard, décidément à l’aise avec la sensualité et l’exubérance. Mais aussi Isabelle Carré, dont les modulations du jeu et du regard sont assez géniales. Difficile, enfin, de rester insensible aux autres protagonistes gravitant autour des deux femmes, qu’il s’agisse de Jean (André Dussollier), de Manuel (Sergi Lopez) ou encore d’André (irrésistible Denis Lavant).

On notera une très belle utilisation du format d’image 1:33, métaphore des frustrations de Caroline, remplacé par le format 1:85 pour signifier la libération, lorsqu’elle cesse d’être en dehors d’elle-même.

La force de cette intrigue psychanalytico-érotique tient à la nature opulente dans laquelle elle prend racine. Omniprésente, cette dernière donne l’impression d’une entité surnaturelle régissant les protagonistes. 

Avant de se laisser happée telle Pattie par la fièvre de la nuit et ses débordements sensuels, Caroline explore avec elle les sous-bois foisonnants et enchanteurs. C’est là-bas plus tard qu’elle tombe sur des champignons en forme de pénis, et dont l’odeur lui rappelle inconsciemment ce stupre et cette impudicité qu’elle fuit depuis trop longtemps. La lune, souvent pleine lors de son séjour dans la maison de sa mère, semble jouer un rôle cathartique. Jusqu’à baigner 21 nuits avec Pattie dans une transe cosmique saisissante. 

 

 

Un exercice dans lequel brille une nouvelle fois Karin Viard, décidément à l’aise avec la sensualité et l’exubérance. Mais aussi Isabelle Carré, dont les modulations du jeu et du regard sont assez géniales. Difficile, enfin, de rester insensible aux autres protagonistes gravitant autour des deux femmes, qu’il s’agisse de Jean (André Dussollier), de Manuel (Sergi Lopez) ou encore d’André (irrésistible Denis Lavant).

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