:::::Film::::: Borgo

Publié le par Pierre-Sauveur.B

L'histoire 

Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d'un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres : Borgo, près de Bastia. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, le détenu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Une mécanique pernicieuse se met en marche.

 

Mon regard

Dans sa mise en scène faite de  gros plans sur les visages, d'arrière-plans flous, de cadres serrés, Stéphane Demoustier m'a emmené sur un chemin de plus en plus dangereux, alors que son héroïne, elle, ne semble pas voir sur quelle pente savonneuse elle est engagée : à chaque nouvelle scène s'ajoute un nouveau palier de descente en apnée, toujours plus loin, jusqu’à toucher le fond. 

 La directrice de la prison (Florence Loiret-Caille), prévient la nouvelle gardienne : "ici, les détenus semblent surveiller les gardiens, la liberté est sacrée, le code de l’honneur aussi".

Le réalisateur donne au personnage de Mélissa (Hafsia Herzi), des aspérités inattendues. Derrière sa façade revêche, il y a une femme sensible, droite, mais  fatiguée par les difficultés d'adaptation de sa famille à leur nouvelle vie en Corse.

Derrière le réalisme de l’univers carcéral, Borgo tisse des liens et des thèmes sous-jacents qui viennent nourrir la dramaturgie : la charge mentale qui écrase la jeune mère de famille, dont le mari (Moussa Mansaly) traverse une mauvaise passe, le racisme, la violence, la pression d’un milieu professionnel fermé, l’ignorance d’une administration pénitencière qui joue avec le feu, l’instabilité écrasante d’un territoire insulaire gangréné par les règlements de comptes…

En misant sur une double temporalité (vie professionnelle, vie privée), le réalisateur resserre son étau avec maestria, au fil de demandes de plus en plus compromettantes du détenu libéré (Louis Memmi) qui avait protégé Mélissa contre certains pensionnaires menaçants.

 

Et puis, il y la musique, magistrale, parfois hitchcockienne, qui ajoute à la tension grandissante en accompagnant les émotions. Chaque note semble s’infiltrer dans les rouages du scénario.

 

J'en suis ressorti avec un vrai questionnement sur le monde, la notion d’éthique, la part d’humanité qui reste dans la société d'aujourd'hui.

 

 

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