Ma lecture en cours

Publié le par Pierre-Sauveur.B

Ce qu'est l'homme 

David Szalay

 

 

Neuf hommes, âgés de 17 à 73 ans, tous à une étape différente de leur vie et dispersés aux quatre coins de l'Europe, essayent de comprendre ce que signifie être vivant.

Tels sont les personnages mis en scène par David Szalay à la façon d'un arc de cercle chronologique illustrant tous les âges de la vie. En juxtaposant ces existences singulières au cours d'une seule et même année, l'auteur montre les hommes tels qu'ils sont : tantôt incapables d'exprimer leurs émotions, provocateurs ou méprisables, tantôt hilarants, touchants, riches d'envies et de désirs face au temps qui passe.
Et le paysage qu'il nous invite à explorer, multiple et kaléidoscopique, apparaît alors au fil des pages dans sa plus troublante évidence : il déroule le roman de notre vie.


Avec ce livre, finaliste du Man Booker Prize, le jeune auteur britannique offre un portrait saisissant des hommes du XXIe siècle et réussit, en disséquant ainsi la masculinité d'aujourd'hui, à dépeindre avec force le désarroi et l'inquiétude qui habitent l'Europe moderne.

Qui est David Szalay ?

 

Né en 1974 à Montréal, David Szalay a vécu au Royaume-Uni et a étudié à l'Université d’Oxford. Aujourd'hui, il vit à Budapest.

Il a été sélectionné comme l’un des jeunes romanciers britanniques les plus talentueux de sa génération. "Ce qu’est l’homme", finaliste du prestigieux Man Booker Prize, a été unanimement salué par la presse en Grande-Bretagne et aux États-Unis et récompensé par le Plimpton Prize for Fiction et le Gordon Burn Prize. Ce roman est aujourd’hui en cours de traduction dans une quinzaine de langues

Lire un extrait :

Berlin-Hauptbahnhof.

C’est ici qu’arrivent les trains en provenance de Pologne et les deux jeunes Anglais reviennent à l’instant même de Cracovie. Ils n’ont pas fière allure, ces deux adolescents épuisés par leur long voyage en train, maigres et crasseux après dix jours d’InterRail. Simon a le regard perdu dans le vide. C’est un beau garçon, aux pommettes saillantes et au visage nerveux, solennel et inexpressif. À sept heures du matin, le bar de la gare est rempli de bruit et de fumée, et il écoute d’un air réprobateur les hommes installés à la table d’à côté : l’un est américain, semble-t-il, l’autre, plus âgé, est un Allemand qui déclare, le sourire aux lèvres : « Vous avez perdu seulement quatre cent mille soldats. Nous, six millions ! »

La réponse de l’Américain se perd dans le brouhaha.

« Les Russes ont perdu douze millions d’hommes ; nous, on a tué six millions d’hommes ! »

Simon allume une cigarette polonaise, lit le mot Spiegelei sur une carte plastifiée, l’argent sur la table attend le serveur – des euros, élégants, modernes. Il aime bien le graphisme : dépouillé, sans fioriture.

« Un million de morts rien qu’à Leningrad. Un million ! »

Les gens boivent de la bière.

Dehors, la bruine détrempe peu à peu les environs blêmes de la gare.

Publié dans Livres

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