Arthur Rambo

J'ai vu, en avant première, ce film dont la sortie sera le 02/02/22

L'histoire :

Qui est Karim D. ? Ce jeune écrivain engagé au succès annoncé ou son alias Arthur Rambo qui poste des messages haineux que l’on exhume un jour des réseaux sociaux…

Arthur Rambo est inspiré de l’affaire Mehdi Meklat survenue en 2017, dans laquelle l'écrivain et chroniqueur avait publié des tweets racistes, antisémites, homophobes et misogynes. Laurent Cantet les a découverts via la presse. Si la première réaction du réalisateur a été la stupeur, il a surtout eu du mal à comprendre comment ce jeune homme intelligent et sensible avait pu écrire ça. Il se rappelle :

"Comment tout cela pouvait-il cohabiter dans un même esprit ? Par la suite, beaucoup de gens, journalistes, intellectuels, ont essayé d’analyser cela et j’ai eu le sentiment que ça tournait en rond. Ce besoin de comprendre passait inévitablement par du discours, qui de toute part voulait établir une vérité. Mais la dialectique a ses limites. J’avais l’impression que le discours, si construit soit-il, n’épuiserait jamais le mystère du personnage, ce qu’un film pouvait tenter de faire de manière plus sensible."

Pour Laurent Cantet, l’idée du pseudo et du titre du film est venue très vite lors de l'écriture du scénario. Ce qui l'intéressait dans cette appellation était le contraste entre deux systèmes de référence très générationnels : la poésie de Rimbaud qui renvoie à une certaine idée de la culture classique et la brutalité de Rambo, héros populaire.

Il précise : "Ce grand écart décrit bien celui de Karim entre son ambition littéraire et sa colère. Je voulais aussi que cette synthèse soit drôle parfois. Son humour devait rendre Karim séduisant tant pour les lecteurs de ses tweets que pour le spectateur".

Mon regard

J'ai trouvé le sujet très intéressant. Pas facile à développer mais tellement dans l'air du temps (l'impact de plus en plus prégnant des réseaux sociaux dans notre quotidien, avec toutes les dérives qui en découlent) qu'il fallait l'audace d'un Laurent Cantet pour se lancer.

Ceci m'incline à maîtriser la déception qui s'est installée en moi à la sortie. J'ai pu le dire, directement à l'auteur, lors du débat mais j'ai voulu surtout lui préciser combien j'ai aimé deux seconds rôles : la mère et le frère de Karim D, seconds rôles mais personnages essentiels. J'ai pu dire aussi à l'acteur principal (Rabah Naït Oufella) qui était là aussi, combien je l'ai trouvé présent, avec sa "gueule cinégénique" qui envahit l'écran, et convaincant dans les deux facettes de son personnage.

Tout ceci m'a fait accepter plus facilement certains points faibles, notamment la fin, un peu trop abrupte et, pour moi, un peu bâclée.