:::film::: Compartiment n°6

L'histoire :

Une jeune Finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.

Mon regard : 

Ce film du finlandais Juho Kuosmanen, justement primé à Cannes, est l'histoire d'une brève rencontre entre deux solitudes, une sorte de balade initiatique et sensorielle à travers les paysages intérieurs des deux personnages principaux, scrutés de près, donnant tout son souffle au récit intimiste et subtil, avec une caméra qui colle aux visages (beaucoup de gros plans mais jamais vulgaires ou exagérés).

La plupart des scènes se passe dans l’exiguïté d’un wagon qui pouvait me faire craindre une sorte de théâtre filmé, très bavard. En réalité, la sensibilité aérienne du réalisateur fait la part belle à l’interprétation des deux comédiens principaux où les nombreux non-dits m'ont laissé libre de donner aux ellipses du scénario, le sens qui me convenait.

L'héroïne (Seidi Haarla) rayonne particulièrement dans ce presque huis clos où elle se redécouvre à travers les personnages qui croisent son voyage. Elle est contrainte de se réinventer en permanence pour donner à son existence un mouvement nouveau, passant de la gravité au sourire, de la mélancolie à la vie, aidée par la découverte de Vadim (Yuriy Borisov), un être neuf, authentique et généreux.

La subtilité de la mise en scène m'a évité les stéréotypes sur la représentation de la Russie et la dureté apparente des personnages s’efface pour donner corps à une profonde sensibilité.

Un film original et profond où j'ai eu plaisir à découvrir le jeu passionnant de deux comédiens que je ne connaissais pas, Yuriy Borisov et Seidi Haarla. . Une belle introspection dans les mystères de l'âme humaine.