::::Film:::: Oppenheimer

Oppenheimer n'est pas qu'une biographie sur "le père de la bombe atomique, c'est avant tout, un film intime et désespéré, une tragédie humaine évoquant deux fissions : celle du noyau atomique et celle d’un individu. 

Le réalisateur, Christopher Nolan, est parvenu à me transporter au milieu de conversations scientifiques, politiques ou humaines que je ne comprenais pas toujours car le rythme est hyper rapide, sans temps morts, demandant parfois des connaissances que j'ai un peu oubliées, mais dans ces moments, pour moi comprendre n'est plus l'essentiel : je deviens un petit garçon observant des crabes dans un seau et découvrant avant tout les stratégies des crustacés, chacun pour sa survie, au dépens de ses semblables, sans état d'âme.

Les scènes courtes et rythmées, les sauts avant et arrière dans le temps me paraissaient correspondre à l’effervescence du cerveau de Oppenheimer et à la pression qu'il subissait (c'est l’époque du maccarthysme), comme dans le panier de crabes.

Mais pour le maintien dans l'instant, il y avait surtout le regard de Cillian Murphy (rôle titre) exprimant toute la défaite du monde avec sa détermination à vaincre les nazis dans la course à la bombe et son malaise quant à l'utilisation de l'arme atomiques sur le Japon, ses incertitudes amoureuses et sociales, son emprisonnement dans le terrible dilemme : faire avancer la science et l'humanité tout en trouvant le moyen de la détruire. 

Tout cela est accompagné par une bande son géniale et angoissante que la musique de Ludwig Göransson rend transcendante.

Au générique de fin (que j'ai regardé jusqu'au bout), je ne réalisais pas que je venais "d'avaler" un pavé de 3 heures sans m'en rendre compte, aussi, pour moi, Oppenheimer est un film qui devrait faire date dans l'histoire du cinéma de ce siècle.